L'ARCHITECTURE DE L'ANCIENNE EGYPTE
1. MYTH
and SUMBOL in Ancient EGYPT, R.T. RUNDLE Clark. Ed. THAMES.
2. A
history of architecture, B. FLETCHER.
3. Naissance de la civilisation,
G. CHILDE, éd. MEDIATIONS.
4. Égypte -Epoque Pharaonique, J-L
CENIVAL, Collection universelle.
5. National geographic, N°
Mars 1977.
6. Analyse du temple d’EDFOU,
R. PORRO (notes de cours).
INTRODUCTION
En Égypte, où se confond le relatif et
l’absolu, tout monument religieux est en même temps un édifice de culte et
d’ensevelissement.
Il s’agissait de mettre en œuvre des
forces supra humaines dont le résultat attendu était la prospérité du pays.
Cette architecture se voulait
spirituellement fonctionnelle et servait à entretenir l’énergie divine en la
personne du roi.
Nous allons essayer de comprendre, à
travers cet exemple, la production architecturale et sa liaison avec le
contexte qui l’a conçue :
Quels problèmes se posaient les anciens maîtres d’œuvres ?
Quels buts se fixaient-ils pour répondre aux exigences de leur époque ?
De quels moyens disposaient-ils pour les atteindre ?
L’architecture égyptienne témoigne d’une
attitude de conception face au monde, à un état politique, social, culturel,
etc., c’est-à-dire, civilisationnel.
Il s’agit d’esquisser les traits
essentiels qui définissent cette civilisation et les aspects qu’elle a
présentés aux différents stades de son histoire.
On pense en général que pendant plus de
3000 ans l’Égypte a offert un visage uniforme.
Traits qui concernent tous les aspects :
historique, religieux, politiques, sociaux, esthétiques, etc.
Ces traits définissent la civilisation
égyptienne et en constituent la structure "permanente".
La culture et l’architecture égyptiennes
ont évolué dans de nombreux domaines avec une grande rapidité.
La structure permanente peut être évoquée
par une accumulation de traits dont le critère d’importance sera leur action
dans l’espace architectural.
I. CONTEXTE DE LA CIVILISATION ÉGYPTIENNE
Des indications prouvent que
l’Égypte s’est formée par des générations de peuples nomades qui se sont
sédentarisés tout le long du Nil.
Leur fixation atteindra un degré de
sédentarisation appelé "cristallisation".
Ainsi, le mécanisme expansion/compression
est à l’origine de la naissance de la civilisation égyptienne.
1. Géographie
La position géographique de
l’Égypte explique la permanence de sa civilisation.
Pendant plus de 3000 ans, l’Égypte a
pu se développer presque sur elle-même.
Ce pays est une étroite bande verte à
droite et à gauche du NIL, creusée dans un plateau désertique.
Ne dépassant jamais 2kms de large, cette
bande s’étale dans son embouchure en un vaste Delta, zone cultivable correspond
à la partie qu’inonde le Nil.
Le fleuve se transforme chaque année de
Juillet à Octobre en un immense lac.
La zone inondée a pu être cultivée grâce à
une centralisation poussée et à un encadrement administratif perfectionné.
2. Aperçu historique
Trente et une Dynasties groupés en empires,
présentent un développement continu possédant une physionomie à caractère
sédentaire.
Entre les empires s’étendent des périodes
intermédiaires à caractère nomade.
La prospérité de l’Égypte fut
instable et menacée par les pasteurs nomades du désert environnant.
Quelques années de mauvais gouvernement et
c’est la famine, le désordre le morcellement du pays : les nomades descendent
et s’installent.
a. Période de formation (entre 3100 av. J. C. et 2650)
Cette date, deuxième barrière historique,
est définie par deux évènements essentiels : l’invention de l’écriture et
l’unification du pays attribuée au roi MÉNÈS.
L’époque thinite comprend les deux
premières dynasties.
On utilisa, au niveau du dallage et de la
couverture des pièces, les briques et la pierre en remplacement de la terre
crue.
La 3ème dynastie est
dominée pour la figure du roi DJESER et par celle de son ministre IMHOTEP,
constructeur de la pyramide à degrés de Saqqarah.
Avec eux se produit la « cristallisation »
de la structure égyptienne sédentarisée.
L’architecture est conçue en blocs de
pierre mégalithique par laquelle s’affirment les principes de la puissance des
rois divinisés et la recherche de l’éternité.
b. L’Ancien Empire (vers 2650-2160 av. J. C.)
L’Ancien Empire présente une société sûre
d’elle-même, de son ordre politique et de sa religion, perfectionnant lentement
un art de vivre consigné dans des « sagesses ».
La 3ème dynastie est celle
des grandes pyramides de SNEFROU, CHEOPS, CHEPHREN, MYKERINUS et dont le
gouvernement était patriarcal.
Durant la 5ème dynastie
les monuments royaux prennent des proportions à dimension humaine et où la
répartition des responsabilités se perfectionne.
Pour la 6ème dynastie, le
système administratif et social se dégrade lentement avec une noblesse
héréditaire sans compétences spécialisées.
La recherche démesurée du superflu génère
une passion du luxe.
Les citadins finissent par atteindre un
degré raffiné, mais dépravé, engendrant le signe de la décadence et de la
faillite morale.
Le gouvernement se décentralise et perd
son autorité.
c. Première période intermédiaire
Dans un pays ruiné, pillé et morcelé l’art
visuel a presque disparu.
Epoque, siège d’un bouleversement
intellectuel dont les traces subsisteront pendant toute l’histoire pharaonique.
Ce bouleversement intellectuel est le
reflet de groupements nomades dont les activités et les arts ont un aspect
spécifiquement phonétique.
Tout l’ordre politique, social et
religieux, qui devait être éternel, s’écoulera.
Les pyramides et les tombeaux furent
violés, les sages ruinés, la justice bafouée…
d. Le moyen Empire (vers 2100-1780 av. J. C.)
L’Égypte, réunifiée par le roi
MENTOUHOTEP, retrouve ordre et prospérité.
Le Moyen Empire englobe six dynasties, de
la VIIe à la XIIe.
Ce fut l’âge d’or de la littérature avec
l’impact de la première période intermédiaire.
Les œuvres artistiques, littéraires et
architecturaux vont dès lors servir de base à l’enseignement.
e. Seconde période intermédiaire (1780 à 1580 av. J. C.)
Cette période englobe cinq dynasties, de
la XIIIe à la XVIIe dynastie.
Quelques années après de glorieux règnes
du Moyen Empire, l’Égypte connaît une nouvelle décadence.
Dans le pays mal géré et mal protégé, des
groupes nomades, venus du nord, s’installèrent en maîtres.
La moitié nord de l’Égypte est alors
gouvernée par des pharaons étrangers, les Hyksos, maintenant dans leur
vassalité les princes égyptiens du sud.
De cette époque datent plusieurs papyrus
mathématiques, médicaux et littéraires, se prétendant être des copies d’œuvres
antérieures.
Les historiens modernes accordent peu
d’importance à ces périodes intermédiaires et négligent d’approfondir leurs
recherches sur le Moyen Empire.
Celui-ci semble être l’œuvre indirecte de
groupements humains d’origine bédouine.
f. Le Nouvel Empire (1580-vers 900 av. J. C.)
Cet empire englobe trois dynasties, de la
XVIIIe à la XXe dynastie.
Vers 1580, les princes égyptiens
parviennent à refaire l’unité du pays.
C’est la période la plus militaire de
l’histoire Egyptienne où va régner une prospérité et une activité constructrice
uniques.
Tous les rois de la
XVIIIe dynastie (d’AHMOSIS à THOUTMOSIS IV, 1580 à 1315) participèrent à
la conquête d’un empire s’étendant, vers le nord, de l’Euphrate jusqu’à 1000km
au sud d’Assouan.
Sous le règne d’AMÉNOPHIS III, commence à
se manifester un changement général dans le domaine religieux.
C’est une véritable révolution qui se
manifesta par la restauration de la soumission exclusive à Dieu.
AMÉNOPHIS IV, appelé AKHENATON, a poussé
loin les doctrines théologiques de son père en tant que précurseur d’une foi
qui voit en le Dieu Râ -Aton- la seule puissance divine existante.
Le règne d’AKHENATON coïncide avec
l’apparition du prophète JOSÈPHE (psl).
La cour quitte Thèbes, ville d’Amon, pour
s’installer dans Amarna, ville d’Aton.
Pour cette période de redressement de la
religion primordiale, la position des historiens modernes est marquée par une
approche anti-révélation supra humaine.
Cette restauration délaisse les anciennes
conventions afin de prendre pour guide l’unicité de Dieu.
La langue du Moyen Empire fut remplacée
par une langue parlée plus simple.
Pendant presque un siècle, l’architecture
préféra aux icônes des éléments de forme géométrique et florale.
Sous le règne du jeune TOUTANKHAMON, Arman
fut abandonnée, le nom d’Akhenaton condamné et les anciennes idoles
retrouvèrent leurs adorateurs.
Le règne de la XIXe et la XXe dynasties a
duré de 1315 à 1080 av. J. C.
Durant 67 ans de règne, RAMSÈS II témoigna
d’un goût particulier pour les constructions ; près sa mort, le pays se
désorganisa.
De RAMSÈS IV à RAMSÈS VI,
l’Égypte était aux prises avec de graves difficultés économiques et
politiques.
Durant cet Empire, les temples étaient
considérés comme des organismes d’Etat aux côtés de fonctionnaires royaux.
g. Troisième période intermédiaire
De la XXIe à la
XXVe dynastie commence la troisième période intermédiaire où
l’Égypte est ramenée à son territoire naturel, appauvrie, démoralisée et
divisée.
h. La basse Epoque
Le roi PSAMMÉTIQUE I (664-610 av. JC) de
la XXVIe dynastie, appelée Saïte, chasse les assyriens et refait l’unité du
pays.
Pendant 100 ans, l’Égypte est un pays
prospère et accueille dans son armée les premiers mercenaires Grecs avec la
fondation d’une cité grecque dans le Delta.
Le dernier roi saïte est chassé par les
armées de Cambuse et pendant 120 ans l’Égypte reste une province du gigantesque
empire Perse de CYRUS en formant la XXVIIe dynastie, de 525 à 404 av. JC.
L’Égypte reconquiert son indépendance
et sa prospérité pour une soixantaine d’années, période de la XXVIIIe à XXXe
dynastie, 404 à 341 av. JC.
L’activité architecturale fut très vive
mais avec un caractère de l’art de l’Égypte gréco-romaine.
Le style ptolémaïque était pour
l’essentiel constitué au moment de l’arrivée d’Alexandre.
L’empire conquis par Alexandre fut partagé
à sa mort entre ses lieutenants. PTOLÉMÉE I reçut l’Égypte.
Jusqu’en 30 av. JC, les souverains grecs
firent d’ALEXANDRIE la plus grande ville et le principal foyer intellectuel du
monde hellénistique.
L’Égypte devient ensuite une province
romaine mieux administré, les terres mieux irriguées, mais les taxes plus
écrasantes.
L’Égypte était le premier producteur
du monde méditerranéen.
La vielle civilisation garda du côté
religieux une bonne partie de sa vitalité.
Le compromis historique de Constantin
l’efforça à s’éteindre dans le courant du IVe s. après JC.
3. La religion
Les Egyptiens avaient la certitude
qu’après la mort, il y’a une forme de survie.
L’intimité du monothéisme s’est
transformée en une prolifération d’idoles avec une foi imposée par des prêtres
et des rois divinisés.
L’architecture des temples est déterminée
en fonction du culte national et de la théologie officielle.
La réadaptation de la piété primordiale
fut instaurée vers le 18ème siècle av. JC par le prophète
JOSÈPHE sous le règne d’AKHENATON.
Réadaptation effectuée également vers le
13ème siècle av. JC par MOÏSE, sous le règne de RAMSÈS II.
La théologie officielle fut un ensemble
complexe, fruit de fusions des religions de multiples tribus qui sont venues
s’installer au bord du Nil dès l’unification du pays.
Théologie qui engloba tous les panthéons,
toutes les cosmogonies et toutes les légendes.
Le redressement de la Tradition, effectué
par les prophètes, n’était pas pour plaire aux prêtres d’Amon qui vont
s’opposer à ce retour aux sources.
RAMSÈS II s’est appuyé sur la théologie
officielle pour s’opposer à MOÏSE (psl).
Auparavant, sous le règne de TOUTANKHAMON,
les prêtres d’Amon réinstallèrent la théologie officielle et retrouvèrent leur
position hiérarchique et leur autorité.
La théologie officielle considère que la
croyance en une multiplicité de dieux se justifie en compromis avec le
monothéisme.
C’est une hypostase de Dieu découlant
du nomisme qui persévère à matérialiser la dimension divine.
Les textes des époques ramesside ou
gréco-romaine évoquent de nombreuses divinités considérées comme des
individualités distinctes.
L’association d’idoles amena à voir dans
chaque idole principale l’unique Dieu, le créateur dont les autres idoles ne
sont que des manifestations.
C’est à l’une de ces idoles que chaque
temple sera consacré avec les bénédictions des prêtres.
4. Structures politiques et sociales
Au-dessus de la justice et de la vérité,
le pharaon, entouré d’un protocole, est divinisé pour les prêtres pour le
peuple.
Le régime pharaonique est une dictature
qualifiée d’étatisme paternaliste.
Les estimations de la population, formée
presque de paysans et de fonctionnaires, varient entre un million et demi et
plus de cinq millions.
Le commerce privé ne fut jamais autre
chose qu’une activité d’appoint : l’essentiel des transactions internes et des
échanges internationaux resta dans les mains des pharaons et des temples.
Au dessus de la masse paysanne, prospère
une classe de fonctionnaires payés en nature et ne s’acquittant pas d’impôts.
C’est dans leur milieu que se développa la
vie intellectuelle, littéraire et théologique.
Cette administration était coiffée pour un
ou deux premiers ministres et était divisée en départements hiérarchisés,
allant du ministre aux petits scribes de province.
Cette hiérarchie professionnelle ne rend
compte que d’une partie des articulations de la structure sociale.
Parmi les hommes libres s’établit une
hiérarchie qui rappelle le système romain du patronat et de la clientèle.
Les donations funéraires ont contribué à empêcher
le développement des grands domaines et à assurer la permanence d’une classe
aisée de propriétaires moyens.